La troisième édition de « Miqyes », le baromètre sur la santé de la PME en Tunisie, a été tenue avant hier à Tunis en présence du ministre du Commerce, Omar Béhi, du président de la Conect, Tarek Cherif, chef du projet au Pnud-Tunisie, Eduardo Lopez Mancisidor, et nombre de chefs d’entreprise. Cette initiative lancée par la Conect en 2017 et appuyée par la Norvège, le Pnud Tunisie et le cabinet de consulting international HLB, se veut un référentiel pour les décideurs et les autorités reflétant l’état des lieux de la PME, étant donné qu’elle constitue le pilier de l’économie nationale, selon le président de la confédération Tarek Cherif. En mettant en exergue la comparaison avec les résultats des précédentes éditions, cette année le baromètre « Miqyes » braque les projecteurs sur la nature de leur évolution. Par ailleurs, le sondage a introduit de nouveaux concepts relatifs notamment à l’économie informelle, au marché public, etc. L’enquête a été réalisée pour la troisième année consécutive par l’institut de sondage One to One. La méthodologie de l’enquête est demeurée la même : un échantillon comptant 500 entreprises de différents âges, tailles, statuts juridiques et opérant dans les divers secteurs aux quatre coins du pays, a été composé de manière à représenter les quelque 771 mille entreprises privées recensées par l’Institut national de la statistique (INS) et inscrites au Registre national des entreprises (RNE). Du fait que 68% des PME installées en Tunisie emploient entre 6 et 20 personnes et que le nombre médian des employés des entreprises de l’échantillon est 12, les résultats obtenus sont en mesure de donner une image sur la physionomie du tissu entrepreneurial. L’âge moyen de l’ensemble des entreprises sondées est égal à 21,9 années.
Première irruption dans le marché africain
Sommairement, les résultats enregistrés sont dans leur globalité mitigés. Néanmoins, leur évolution sur la période 2016 -2018 — qui alterne entre la stagnation, la baisse et l’amélioration — est désormais relativement faible. Les mêmes problèmes rencontrés par les PME persistent malgré une légère atténuation perçue au niveau de certains indicateurs.
Au niveau de l’accès au marché, les PME en Tunisie peinent toujours à s’internationaliser et se développer. En effet, 61% des PME sont exclusivement sur le marché local. Pour celles qui exportent, le marché européen se taille toujours la part du lion. Toutefois, la percée du marché africain en tant que destination d’export fait sa première irruption avec 2,2% des entreprises sondées qui déclarent que l’Afrique subsaharienne constitue leur principal marché. Le chiffre d’affaires est revu à la baisse pour 27% des entreprises et 41% des entreprises ont affirmé qu’elles n’ont pas pu avoir de nouveaux clients. En contrepartie, l’accès au financement a connu une certaine amélioration, vu la hausse significative du taux d’acceptation des dossiers de crédit qui a été observée, notamment pour les entreprises opérant dans le secteur du commerce.
Engouement pour le marché public et une menaçante insolvabilité des clients
Autre indicateur clignotant, celui de la compétitivité des PME qui demeure fragile. Malgré une amélioration, le taux des entreprises ayant perdu des clients est élevé et avoisine les 30%. Plus de 46% de ces pertes sont dues à des difficultés financières du client lui-même. Ce qui place l’insolvabilité des clients comme premier handicap des PME tunisiennes. Le nombre moyen des arrêts survenus brusquement est en augmentation linéaire et est passé de 3,3 en 2016 à 3,5 en 2018. Le climat social tendu et les perturbations externes en sont les principales causes.
Quant à l’environnement des affaires, le sondage confirme la défaillance structurelle et permanente causée par la situation en Libye, et ce, pour plus de la moitié des entreprises sondées. Par contre, les marchés publics figurent en tant que domaine de prédilection des entreprises puisque 38,8% d’entre elles affirment qu’elles y soumissionnent régulièrement. Les problèmes de transport public provoquent de plus en plus d’absentéisme. Pour tout ce qui est lourdeur administrative, l’administration fiscale demeure en tête des administrations les plus bloquantes aux yeux des dirigeants des PME, et ce, pour la troisième année consécutive. Une amélioration au niveau des prestations de services de la douane a été perçue mais le blocage qu’elle induit persiste.